la tige

Conseil des sages

La salle était dans une semi-pénombre, mais l’on pouvait y distinguer 5 tables avec un écran où s’affairait un homme masqué sur chacune d’elle.

Une table de moins à chaque conseil, se disait-il.

Certains parlaient fort ce qui tranchait avec l’obscurité crépusculaire qui aurait porté au sommeil.

Quoique, à mieux y regarder, un vieux débris aux cheveux très blancs et au dos plus voûté que les autres s’était laissé aller à un somme en attendant la connexion pour la vidéoconférence qu’il devait présider. Il était arrivé le premier l’air fatigué et les yeux plus cernés que de coutume. Le professeur Jean-Yves Le Froissé présidait le conseil des sages destiné à orienter le Président dans ses décisions contre la terrible pandémie de Sarcov2. Dans les amphis on le surnommait la momie à cause de son visage sans expression qui trahissait un début de Parkinson. Éminent immunologue, disait-on, bien qu’on cherchât dans son CV la moindre découverte. Il n’en allait pas de même pour ses distinctions honorifiques et ses médailles. Chevalier de ci et de ça, membre permanent ou président d’honneur de ci et de ça aussi.

À sa gauche, bien éveillé et à distance sanitaire réglementaire, Erwam Bertolov, biostatisticien, frappait déjà son clavier avec virtuosité. La trentaine, beau, athlétique et sans état d’âme, affirmait-on dans la presse. On lui devait trois confinements et l’invention des autos-laissé-passer que le monde entier nous enviait. C’était le seul vraiment actif et qui semblait ronger son frein avant la connexion attendue. Les autres, Boris Herman obscur biochimiste, Jean-Michel Barrère sociologue et sylvain Bousant psychiatre conversaient tranquillement.

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