Le chelou

Le ciel s’était couvert d’encre noire surmontée d’ouate stratosphérique qui bouillonnait dans l’azur. Parfois, un souffle de vent venait déchirer la chape de chaleur à la cime des hêtres. Les mouches collantes qui se délectaient de tout ce qui suait venaient susurrer à l’oreille de Marcel qu’il allait s’en prendre un sur la gueule. Sous-entendu, un « ruscle » ou pour mieux dire un orage. Des promesses ! des promesses, pensait-il, la nature n’a souvent que de la gueule, surtout l’été quand la chaleur et l’humidité jouent à cache-cache d’un vallon à l’autre.

Deux heures qu’il marchait, un sac sur le dos, au milieu des genêts et des boutons d’or, des champs de blé encore vert tendre, parsemés de bleuets et de marguerites éclatantes.

Ils s’étaient donné rendez-vous dans quarante ans, Simone et lui, et ça sentait le foin coupé, le genêt et parfois la bouse comme avant. Il ne se rappelait plus ni le jour ni l’heure du rancard, pas même le détail de son visage noyé dans ses cheveux blonds. Mais, les quarante piges y étaient.

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