Quand l’amour se cache sur les rives du Vidourle. Quand l’orage soudain gronde.
« Le calcaire blanc, l’argile cuite des sentiers, la poussière pulvérisée des chemins, l’herbe jaune et cassée, les effluves de feu de pinède, le ciel blanchâtre ou encombré de cumulus, c’est ainsi que la sécheresse exhibe son triomphe sans gloire en ce début septembre.
Mais un matin, l’horizon se barre au sud d’un mur gris et noir irisé à son pied de traînées blafardes. La foudre frappe, là les montagnes de la Fage, là le sommet du pic Saint Loup, là le mont Bouquet, plus loin les collines du Couthas, puis celle du bois de Paris. Des milliers d’impacts criblent les collines et les vallées du Gard.
Une goutte d’eau isolée, tombée du ciel, n’a que peu de chance de voir la mer sitôt touché le sol, elle éclate en gerbe avant que la terre ne la dévore. Pourtant, ce jour, quelques nappes se forment çà et là sur les hauteurs, ne laissant pas au sol calciné le temps de les boire. Un tapis étanche d’argile et de pierres mêlées laisse confluer les flaques qui vont glisser sur les pentes et s’insinuer dans l’assise rocheuse d’un angulaire ruisseau de garrigues dévalant les escarpements, épousant chaque sinuosité du terrain, emportant sur son passage, des aiguilles de pin ou les feuilles desséchées des chênes kermes. Bientôt ce sera des brindilles, puis des branches formant de petits barrages qui lâcheront soudain pour en rejoindre un autre, plus gros, et ainsi de suite jusqu’à la plaine. Dans les bassins limoneux qui encadrent Nîmes et Sommières : Gardonnenque, Vaunage, Vistrenque , là au milieu des vignes, il y a des cours d’eau, à sec l’essentiel de l’année. Ils s’appellent : Vistre, Rhony…. Ils sont des dizaines qui s’étirent des garrigues aux vignes. »