Sur des paroles du principe de précaution. Musique de qui peut le plus peut le moins.
Amis danseurs, bonjour !
Nous nous apprêtons à passer un été aussi pourri que le précédent. Sans bals ni concerts ni festivals, un été de merde quoi, pour la deuxième année consécutive. Certes, il y a des progrès puisqu’après le concert test d’Indochine, la tournée 2021 de ce groupe “mythique” est assurée. On parle même de n’autoriser que celle-là, les autres groupes devant se plier chacun à l’organisation d’un concert test aussi. Autant dire qu’à quelque million d’euros l’organisation, ça va douiller du chapeau la programmation d’un bal avec Balogadjo. Bargenatt, les Zéoles ou Chichoumelle.
Aussi m’est venu l’idée, ça sulfure parfois sous mon chapeau, de programmer un bal chez moi cet été, un peu à l’image de ceux que j’avais imaginé d’organiser cet hiver et que j’avais l’intention d’appeler balenpull, hein qu’elle est bonne ! Capito : bal-en-pull. Oui parce que l’hiver ça pèle.
Bon, revenons à notre bal estival que nous pourrions appeler balapoil, hein qu’elle est bonne ! Capito ! bal-a-p… Oui parce que l’été…
Bon, je m’égare, aussi j’irai droit au but, je vais le faire. Sans test, ni autorisation préfectorale, mais un bal hyper sécure quand même, j’explique :
Je vous vois venir vous aller me dire :
— Mais hé ! banane ! ça fait un an qu’on en monte des bals sauvages, on n’en est pas mort même si une poignée d’entre nous se sont farci du covid, un suppo et au lit.
Justement que je vous rétorquerai du tac au tac, c’était irresponsable, incivique, criminel que dis-je, hecatombicime, pire, doublé d’une grosse dose d’inconscience au vu de l’amende qui vous guettez !
Mais revenons-en à nos moutons que vous ne fûtes pas, je vous l’accorde, et revenons en à mon bala… Mus. Car c’est là que ça se passera, dans ce village charmant coincé entre autoroute et voie TGV, à deux pas du grau du roi et des trad-hivernales.
Je vous parlais donc d’un balèti hyper sécure.
Oui, c’est possible ! Réfléchissez bande de tradeux ignares, a quoi bon faire un bal test, si nous parons à toutes les éventualités de transmission de la bébête.
Je m’explique.
Si nous partons de l’hypothèse qu’il y a peu de chance de se tromper dans la lutte contre un virus dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il tue surtout que des très très vieux ou des très très faibles. Voilà une certitude qu’elle est sympa, car si vous faite partie de ces catégories-là, il est préférable que vous vous mettiez à la belote ou aux échecs plutôt qu’à l’apprentissage de la Polka ou du bal limousine.
Bref ces cibles virales là, il n’y en a pas bézef parmi nous. Il reste donc les plus rares, celles qui concernent de jeunes et beaux éphèbes en bonne santé comme nous.
J’ai saisi vos grimaces en suivant vos regards sur mon ventre, j’ai omis la grande obésité comme facteur de risque. Je ne me sens par concerné, simple dysmorphie en ce qui me concerne, seulement une cambrure exagérée et une bonne dose de mauvaise foi, je vous l’accorde.
Fermons la parenthèse et c’est là que vous allez saisir l’éclair de génie qui m’a pris dans l’une de mes rares soirées de jeûnes.
Si nous faisions tout et même plus que tout ce qui nous a été imposé depuis le début de l’épidémie pour parer à la transmission du virus. Je ne parle pas des gestes barrières qui vous paraîtront superfétatoires quand je vous aurai exposé ma méthode, n’ayons pas peur des mots, absolument géniale.
Commençons par le début : Si le virus vient à nous contaminer cet après-midi, ce ne saura que parce que quelqu’un d’entre nous l’a convoyé dans ses muqueuses. Nasale, je précise. Par bonheur, il n’est pas sexuellement transmissible. Ouais, si c’était le cas, décimé que nous serions, nous ne nous poserions plus de questions ou plutôt si : où trouver un ou une partenaire encore en vie ? Allez, j’exagère à peine ! Bande de faux culs.
Donc, pour ne point qu’il arrive, je propose de faire un test PCR une semaine avant la date du bal, un trois jours avant, un 1 h avant, et un entre chaque danse.
Ouais ! Faut savoir ce que l’on veut ! S’il faut pisser du nez pour danser, alors oui ! Je le veux, non de dieu !
Mais ce n’est pas fini, et là je sens que la sphère antivaccino gilet jaune et drapeau bleu blanc rouge réunis, va frémir de rage. Que dis-je, de haine ! Faut pas lésiner pour dénoncer le complotisme qui pourrait gangrener notre bienveillant cercle d’amis danseurs, car l’accès au bal sera soumis à l’obtention d’un Pass sanitaire.
Pas celui, ridicule, préconisé par les autorités, mais le mien où, sur un cul-cul R code-barre spécial bal en pull, sera mentionné la date des 3 tests PCR sus-précisés, mais aussi, bien sûr, les 3 rappels de vaccination Astra Zenecca plus Biopharma et Pfizer, réunis.
Allons, soyons fous ! Car ce n’est pas fini.
Une prophylaxie à l’hydroxychloroquine, Remdesivir et vitamine D sera exigée aussi. La preuve de l’efficacité de ces médicaments n’est pas prouvée, mais l’absence inefficacité n’étant pas certaine, au nom du principe de précaution, j’ajouterai vitC, Zinc et une tisane de verveine pour digérer le tout. Prévoyez aussi un repas partagé, léger avant le bal, c’est préférable.
Alors, hein, il vous en bouche un coin mon pass XXL !
C’est pas fini !
« La danse est le seul espace ou l’on se touche » disait Laeticia Carton dans le film le grand bal.
Oui, mais alors, là bonjour la distanciation physique. Certains pour parer à ce problème avaient imaginé, gros malins, de danser en se tenant par l’intermédiaire de cannes, soigneusement désinfectées au gel hydroalcoolique. Mais que sait-on vraiment de la distance optimale pour se mettre à l’abri ? Le mètre oui, si celui qui vous tient la canne ne tousse ni ne crache pas comme un malade, deux mètres oui, si ce même malade n’éternue pas comme un dingue, pourquoi pas quatre si la pièce est mal ventilée et encore. Alors, la solution ne serait-elle pas la canne à pêche ? Mais je vous laisse imaginer le bordel avec chaque danseur en bal au bout de sa gaule.
Pour un rondeau en gaule ! en place ! Et Vlan pas de Covid mais dix ou cent éborgnés suivant la jauge.
Je ne parlerai pas des danses en couple, chacun brandissant sa gaule et chacune saisissant celle de son partenaire…
Alors, la seule solution que j’ai imaginé : le masque.
Pas original, me direz-vous, mais là aussi soyons fous, non de dieu !
Pourquoi en resterions-nous au bleu chirurgical qui ne sert à rien qu’à éviter quelques un de nos postillons covidés de vous atteindre ? Non, nous doublerions le bleu par le blanc FFP2, seul garant scientifiquement prouvé d’une véritable protection contre une contamination par le covid 19.
Les oreilles décollées oui ! Le Covid non ! Sera notre devise !
Mais honnêtement, croyez-vous que ce soit suffisant quand on sait toutes les conneries qui furent dites sur ces accessoires de carnaval tout au long de cette année ?
Si ce ne fut que sur les masques…
Alors ! Je propose par-dessus tout ça, un masque de plongée et un tuba avec un filtre d’ouate mouillée à l’alcool 70 degrés réglementaires.
J’entends déjà les chochottes qui vont crier, mais on va étouffer !
La bonne blague ! Sûrement les mêmes qui passent des heures sous le cagnard à patauger dans cinquante centimètres d’eau émerveillés par les fonds sous-marins jonchés de pneus usés et de fausses méduses en sachet plastique transparent constellé de taches goudronnées.
Allons, allons, soyons sérieux ! Si vous ne voulez pas de masque, alors dansez en apnée si ça vous chante !
Je disais plus haut que l’on ne sait pas tout sur ce virus.
Qui nous dit qu’un variant ne va pas se transmettre par les pieds ? Ne me dites que vos sandales en cuir feront barrière alors. Danser en Ranger ? Soyons sérieux !
Qui nous dit que ce ne sera pas la sueur ? Je vous laisse imaginer l’ultime mazurka d’un bal d’été, ventousé par vos humeurs salées, malgré la mince barrière de tissu qui vous sépare de votre partenaire. Combien de millions de virus s’en donneront à cœur joie sur vos torses collés ? Mazurka un deux, hop ! à l’hosto ! intubé et tout ça.
Alors, tant qu’à porter masque et tuba pourquoi pas des palmes en caoutchouc bien solides, mais légères et une combinaison de plongée. Hein, je vous le demande ?
Voilà, j’ai tout dit. En espérant de vous voir nombreux à mon « balencombine ».
Tous heureux de participer à cette expérience inédite en toute sécurité pour votre santé. Occasion inouïe pour réinventer nos chères danses traditionnelles, les pieds palmés.
Ha ! imaginez un instant, une Mazurka collée serrée, tuba contre tuba… Imaginez…