Il s’est fait boiter, vite fait, le guignol.
Faire du tapage au beau milieu d’une fête et, sans vergogne, balancer pétard et fumerolle sur les gens ivres de libertés, ce n’était pas correct.
Limite criminel si l’objet explosif tombait sur quelques innocents.
De l’inconscience, dis-je ! Et pendant ce temps, le quidam en question casqué et masqué au regard des curieux foutait le bordel en toute impunité.
Se serait-il fait prendre ? Pas sûr que cela changea grand-chose. Il avait en bandoulière l’arme de la force légitime d’État. Aux arrières l’homme avait aussi des collègues tout aussi armés, mais plutôt muets. Alignés en compagnie et pas par hasard, mais pour mettre la pagaille plus encore que les autres en face.
Une foule au-devant lasse au bout de trois jets de projectiles explosifs eux qui n’avait que cailloux. Au pire des Pavés, mais la mémoire tenace.
Il a crié : nous allons faire usage de la force ! et devant lui une ligne joyeuse qui n’en avait que faire.
Trois fois, le clairon des somations a sonné, trois fois comme pisser dans un violon.
Ils lui ont répondu joyeux : nous allons faire usage de la paix !
À ces mots, le petit con en uniforme a foncé tout seul dans le tas, mais le tas en question n’avait pas ventre mou. Il a foncé comme un bourrin trop fier de faire régner son ordre, mais trop tôt et trop loin de ses collègues moins zélés.
Il s’y est cassé les dents et la gueule et le dos et l’épaule, alouette ! alouette !
Il s’est fait boiter grave parce que trop pressé d’en découdre, mais les futures prises espérées étaient sans haine, juste en colère. Ce qui lui évita le sapin.
Il prit outrages et rébellions plein la gueule et ça lui faisait mal de les prendre, même si c’était pour les exiger plus tard devant un tribunal. Même si d’aventure un jeune malheureux espérait seulement réparation pour son bras arraché par une « légitime » munition estampillée République française.
Il a pris cher pour son zèle le brigadier et c’était là, justice.
Un accident du travail, un fait divers pour faire sourire les franges d’un étendard bleu blanc rouge et pleurer un gamin mutilé, coupable d’avoir dansé un soir de printemps en hommage à Steve Maia Caniço.