Joyeux Noël ! Joyeux Noël ! Joyeux Noël!
Ils n’ont que ces deux mots à la bouche. Pour certains ce sont même les seuls qui m’adressent. Le reste de l’année, c’est juste un « b’jour » d’une bouche qui de coutume se déchaînent de haine ou de mépris envers tous ceux qui ne leur ressemblent pas :
Plus bronzés, plus pauvres, sexuellement plus originaux ou plus révoltés, si par malheur ils ne sont pas chrétiens, ça craint.
Leurs femmes ne sont pas non plus à la fête sous le poids des mâles, des mômes à nourrir et à faire plaisir.
Je réponds Joyeux Noël ! Pour ne pas passer pour un mal poli en plus de tout ce qu’ils pensent déjà de moi.
C’est ça la magie de Noël !
Tout le monde médit, tout le monde il fait semblant.
À force de balancer ces deux mots, on finirait par le penser radieux ce jour, comme de croire au père Noël en déposant un bulletin pour le candidat qui a le plus de gueule ou en levant le poing pour des lendemains qui chantent.
Pourtant un enfant à six ans saisit déjà que le barbu ne passe pas par la cheminée parce qu’il n’y en a plus ou bien qu’elle est trop étroite.
À Noël ça chante et tout brille, même les arbres.
À Noël tout luit, même les piaules.
À Noël tout va de force, des rires aux pleurs, car les larmes aussi ont leur Noël. Pas forcément de joie parce que ce jour-là on meurt, on tue, on triche, on ment, on fait même la guerre.
Noël n’est qu’une bise d’Ukraine qui vient nous enrhumer et,
du cathare, des millions de fouteux hilares qui s’assoient sur les droits de l’homme,
un tiroir-caisse qui va et vient et donne la cadence aux chant pieux,
un vent d’hiver sous le regard fixe d’un mort de ma rue.
Joyeux Noël !