Élu ! Si, si! Par tirage au sort. Même Dieux peut se tromper 🤣
Discours inaugural de Masavi Ier, premier pape athée
(prononcé depuis la terrasse brisée du Vatican, repeinte aux couleurs du doute)
Frères, sœurs, et autres créatures du vertige, je me tiens devant vous sans bénédiction, sans miracle,
sans colombe ni hostie,
mais avec la bouche pleine de questions.
Je suis Masavi Premier.
Pape sans dieu.
Pape par accident.
Pape par vide.
Il a fallu qu’on me force un chapeau pointu sur le crâne
et qu’on me pousse dehors, moi qui voulais juste relire Camus dans une cellule tranquille pour que je comprenne que le trône de Saint Pierre n’est, depuis longtemps, qu’un tabouret branlant dressé sur l’angoisse.
Et me voilà,
successeur d’une lignée d’hommes en robes blanches qui ont juré fidélité à une absence, comme on fait serment devant une tombe.
Mais moi, je ne jure de rien.
Je doute.
Et je proclame le doute souverain.
Je suis venu abolir l’illusion du Ciel, non pour instaurer l’Enfer, mais pour vous inviter à respirer ici, maintenant, avec vos poumons d’hommes, vos douleurs d’hommes, vos désirs coquins, vos élans sublimes.
Tout ça vaut prière.
Il n’y aura plus de dogmes,
juste des hypothèses ouvertes comme des plaies.
Plus de commandements gravés, mais des murmures griffonnés à la craie sur les murs du monde.
Vous avez le droit d’aimer qui vous voulez, de croire à ce que vous voulez, de changer d’avis, de faire des erreurs, de vieillir, de bander mou, de jouir trop vite ou pas du tout et de vous branler que diable si ça vous chante !
De pleurer dans les bras d’un autre sans demander si c’est un homme ou une femme.
C’est ça, ma liturgie.
Quant à moi, je ne laverai les pieds de personne,
sauf si c’est un geste de tendresse,
et pas un rituel de soumission.
Je vous déclare libres.
Non pas d’une liberté divine, abstraite et réversible,
mais d’une liberté vivante, bordélique,
celle qui fait qu’on hésite, qu’on tremble,
et qu’on avance quand même.
Je ne suis pas le vicaire d’un dieu absent.
Je suis l’écho d’un silence.
Et cet écho, je vous le tends,
comme une hostie vide.
Prenez et doutez-en tous.
Allez en paix,
ou en colère,
mais allez vivants.
Amen.
Ou pas.
